HISTOIRE
DES SCIENCES DANS L'INDE
Rapport sur les conférences
de l'année 1990-1991
Guy MAZARS
Programme de l'année 1990-1991 :
I. Points de rencontres entre la médecine chinoise et l'Âyurveda.
- II. Phytonymes sanskrits et pharmacognosie.
I. Points de rencontres
entre la médecine chinoise et l'Âyurveda
Poursuivant nos travaux sur les échanges
scientifiques entre l'Inde et les autres civilisations orientales
au cours des siècles, on a abordé cette année
l'étude des rapports entre la médecine chinoise
et l'Âyurveda. Les deux systèmes médicaux
présentent beaucoup de points communs qui peuvent s'expliquer,
pour une part, par les contacts entre les deux civilisations.
On sait que le bouddhisme a joué un grand rôle dans
la propagation des théories médicales et de la thérapeutique
indiennes jusqu'en Chine. Un certain nombre de conceptions chinoises
ont pu aussi influencer la médecine indienne. Âyurveda
et médecine chinoise se sont rencontrés au Tibet
où, entre le VIIe et le VIIIe siècles, ont été
traduits en tibétain des traités médicaux
chinois et sanskrits. Mais ce sont les influences indiennes sur
la médecine chinoise qui sont le mieux attestées,
ainsi qu'en témoignent des documents chinois. Des drogues
chinoises ont été introduites en Inde et, de son
côté, la médecine chinoise a fait des emprunts
à la pharmacopée âyurvédique. La conférence
a particulièrement bénéficié de la
participation de Mme Liu Shao Hua dont les interventions ont animé
les discussions.
II. Phytonymes sanskrits
et pharmacognosie
La connaissance des noms vernaculaires de plantes
n'est pas sans intérêt pour le pharmacognoste qui
voudrait explorer les ressources de la matière médicale
de l'Inde. Cette connaissance peut faciliter la détermination
des ingrédients de remèdes mentionnés dans
des textes anciens. Elle peut aussi aider à repérer,
dans chaque cas, la plante qui pourrait être responsable
des activités décrites. En effet, le système
de référence que constitue la phytonymie sanskrite
est un outil non négligeable pour l'identification des
drogues utilisées au cours des siècles en Inde.
Nous l'avons montré à l'aide de quelques exemples
puisés dans les textes sanskrits de thérapeutique
et de matière médicale. Beaucoup de noms de plantes
nous renseignent sur leurs formes, leurs couleurs, leurs saveurs.
Ce qui peut permettre déjà de les reconnaître
sur le terrain et de les distinguer d'autres espèces. Certains
synonymes se rapportent à leurs usages ou même aux
propriétés qui leur sont traditionnellement attribuées.
Mais l'identification des ingrédients végétaux
d'un remède par les seuls noms des plantes mentionnées
n'est pas toujours facile ni assurée, surtout s'il s'agit
d'un remède ancien sorti de l'usage. Ce type d'identification
présente des difficultés que nous avons passées
en revue, avant de conclure sur la nécessité d'une
collaboration plus étroite entre les différents
spécialistes qui poursuivent des recherches dans ce domaine.
Sur les dix sept élèves et auditeurs
inscrits cinq ont pris part d'une façon assidue aux travaux
des conférences : Mme Liu Shao Hua, Mlle S.Gandusio, MM.
F. Jabry, C. Perrey et L. Sordon. Le Dr. H. Chevalier et le Dr.
P. Triadou ont pris une part active aux conférences auxquelles
ils ont pu assister. Mlle M. Jobard a séjourné une
grande partie de l'année en Inde pour y approfondir ses
recherches. Un autre élève de la Section, le Dr.
S. Roos, a passé l'année universitaire en Inde,
grâce à une bourse d'étude obtenue pour la
réalisation de son projet de recherche sur la médecine
indienne. Mme C. Jumel a également sollicité et
obtenu une bourse d'étude en Inde pour l'année 1991-1992.
Activités et publications
du chargé de conférences
Du 7 juillet au 27 août 1990, le chargé
de conférences a effectué une mission scientifique
en Inde. Invité par le Département de Pharmacologie
du Jawaharlal Institute of Postgraduate Medical Education and
Research (JIPMER) à Pondichéry, il y a présenté
ses travaux sur l'histoire de la pharmacie et la pharmacognosie
des plantes médicinales de l'Inde. Plusieurs réunions
avec les responsables de ce Département ont permis de jeter
les premières bases d'une collaboration dans ce domaine.
Cette mission a aussi été mise à profit pour
renouer des contacts avec les collègues indiens rencontrés
au cours de précédents séjours.- Le 12 octobre
1990, le chargé de conférences a été
invité à participer à la Journée d'étude
"Alimentation et médecine. Histoire d'une interférence",
qui s'est déroulée à Bruxelles. Il y a présenté
une communication sur la diététique âyurvédique.-
Il a également été invité à
participer à une journée d'étude sur "Quelques
aspects de l'Histoire de l'algèbre", le 15 février
1991, à l'Université Libre de Bruxelles, où
il a parlé des débuts de l'algèbre en Inde.-
Tout au long de l'année, il a poursuivi ses activités
à l'Université Louis Pasteur de Strasbourg où
il a également assuré, pendant tout le mois d'octobre
1990, un cycle de conférences sur "Les médecines
traditionnelles de l'Asie à l'aube du XXIe siècle",
dans le cadre du Département d'Education Permanente de
l'Université.
Co-éditeur des Actes du 1er Colloque
Européen d'Ethnopharmacologie (Paris, Editions de l'ORSTOM,
1991), le chargé de conférences en a rédigé
l'Avant-propos et y a publié deux contributions : "L'ethnopharmacologie
en Europe", p.43-47 (en collaboration avec F. Mortier), et
"Le projet Ayurbase", p.146-151. Il a également
publié "La médecine vétérinaire
dans l'Inde ancienne et médiévale", Mémoires
de l'Académie de Lyon, tome XLV, 1990, p. 59-63.
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